Le principal problème de l’investisseur, et même son pire ennemi, n’est autre que lui-même. Les périodes de volatilité plus ou moins extrêmes génèrent du stress et peuvent conduire les investisseurs les moins avertis à prendre des décisions dans la précipitation.
Or, la précipitation n’est pas toujours bonne conseillère car elle peut être influencée par des biais psychologiques.
Une bonne compréhension de ces mécanismes est importante pour permettre aux investisseurs de traverser au mieux les périodes de forte volatilité.
Une certaine irrationalité ?
Il s’agit de l’approche adoptée par la finance comportementale, c’est-à-dire l’application de la psychologie à la finance. Cette discipline a connu son essor à partir de la théorie des perspectives élaborée en 1979 par le psychologue et économiste américain Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel d’économie en 2002, en collaboration avec le psychologue Amos Tversky. Elle s’inscrit en rupture avec la théorie financière classique, qui repose sur la notion d’investisseur rationnel.
En réalité, chaque investisseur est influencé, dans ses décisions et sa prise de risque, par sa psychologie propre, ses émotions et son expérience personnelle. Il est donc soumis à un certain nombre de tendances naturelles qui se transforment parfois en biais qui faussent son jugement.
Les études récentes montrent d’ailleurs que la psychologie humaine a un impact négatif d’environ 3 % par an sur les performances boursières d’un portefeuille (source société Dalbar).
Sur 20 ans, la neutralisation de ces effets permettrait à un investisseur de doubler son capital !
“ Le marché vit, et il faut être capable de l’accompagner. Il faut donc savoir rester mobile et arbitrer son portefeuille. ”
Quand la volatilité revient sur les marchés, avec son lot d’incertitudes, l’intensité émotionnelle de l’investisseur augmente et plusieurs tendances naturelles l’incitent à remettre en cause son allocation d’actifs, et cela pour trois raisons :
- D’abord, l’investisseur est très sensible aux informations immédiatement disponibles comme celles diffusées par les médias, qui sont souvent anxiogènes.
- Ensuite, l’investisseur peut parfois se laisser tenter par des valeurs « qu’il connaît » et dont il pense maîtriser le risque…. grave erreur.
- En outre, il ressent une sensation désagréable quand une valeur de son portefeuille baisse brutalement, même si son impact sur la performance globale du portefeuille reste minime.
- Enfin, l’investisseur se dit qu’il aurait dû anticiper les événements passés et ne se rend pas toujours compte qu’il est plus facile de réécrire l’histoire après coup..

Quelles sont les clés du succès ?
La première clé du succès semble assez logique, c’est de rester investi, Pour cela, il est nécessaire de verbaliser ses émotions pour faire redescendre la pression émotionnelle.
Ensuite, l’investisseur peut changer de cadrage de lecture et mesurer l’impact de la volatilité sur la performance de son portefeuille.
Mais attention, rester investi ne veut pas dire ne rien faire. Le marché vit, et il faut être capable de l’accompagner. Il faut donc savoir rester mobile et arbitrer son portefeuille.
En théorie, l’investisseur devrait se séparer des valeurs devenues sous-performantes et favoriser celles qui continuent à surperformer afin de prendre la béta du marché.
En pratique, ce n’est pas si simple car l’investisseur surévalue toujours ce qu’il détient, surtout s’il l’a en portefeuille depuis très longtemps.
En même temps, il est difficile de revenir sur des supports d’investissement que l’on n’a pas détenus depuis longtemps en portefeuille.
En effet, l’investisseur reste marqué par des expériences anciennes, parfois douloureuses. Il met donc un certain temps avant d’accepter que des valeurs qui ont suscité des déceptions par le passé puissent avoir retrouvé du potentiel à long terme.
Autre règle à retenir : Il faut rester diversifié car dans ces moments de marchés agités, l’investisseur aura tendance à recentrer ses investissements sur des supports qu’il connaît bien (biais de familiarité) et laisser passer beaucoup d’opportunités.
Enfin, il faut garder à l’esprit que les sources de volatilité ouvrent aussi des opportunités d’investissement, permettant de se positionner sur certaines valeurs à bon compte, en attendant que les marchés se reprennent.
Quelques biais fréquents
- L’excès de confiance affecte l’investisseur quand il veut à tout prix battre le marché en vendant au plus haut et en achetant au plus bas. Il se laisse influencer par ses émotions et fait exactement l’inverse: il achète au plus haut quand il ressent de l’euphorie (peur du manque à gagner) et capitule en vendant au plus bas quand il ressent la pression du marché.
- L’effet de disposition est la tendance chez l’investisseur à prendre rapidement ses gains et conserver longtemps ses pertes car il reste focalisé sur le prix d’achat. Alors qu’il faut raisonner plutôt en termes de perspectives avant de décider de conserver ou de vendre une valeur.
- L’aversion au regret qui empêche de passer à l’acte par peur de se tromper. Par exemple : « Non, je ne vais pas vendre cette action à perte, supposons qu’elle rebondisse ».
- L’effet de dotation, qui est la tendance naturelle, chez chacun d’entre nous, à surévaluer ce qu’il possède.